Syksy

Le pays a plongé dans la nuit, soudainement. Les vifs contrastes entre les contrées d'origine, où beaucoup seront allés passer quelques jours, et le changement d'heure récent, n'y sont évidemment pas étrangers... Mais si ce n'était que cela... En un soir de rafales les dernières feuilles sont tombées ; nuages et pluie conjuguent leurs forces avec une application minutieuse pour rendre l'automne plus authentiquement automnal. Rien qui ne touche à la désynchronisation de mon humeur pourtant, au moins, je pourrai commencer à me fondre dans le décor, et à dérailler doucement, imaginer être un arbre parmi les arbres. Il y a quelque chose de jubilatoire dans ce basculement immense, cette malignité de se dire que sous peu tout sera submergé par d'inouïes vagues de froid, et peut-être incarcéré sous la neige, des mètres de neige pure et blanche à en devenir fou, s'infiltrant par la moindre ouverture, revenant dès qu'on la chasse, et de penser que ce sera comme de poser un doigt sur l'aiguille d'une horloge et que cela figera tout. Ne serait-ce que pour un moment. Un répit pour un retard insoutenable que je sens peser sur moi sans pouvoir l'identifier, et des pages blanches à en donner le vertige.

Vertige repoussé pour ce soir, demain la lutte, si lutte, devra se faire pied-à-pied.